Investissement durable : Repenser le produit en vue d’obtenir un avantage durable
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- investissement durable
Chaque année, l’intérêt pour les investissements durables continue d’augmenter. Les actifs des produits liés aux investissements durables ont atteint 30,7 billions $US au début de 2018, en hausse de 34 % par rapport au début de 20161 . Près de 50 % des actifs en Europe et plus de la moitié de tous les actifs gérés par des professionnels au Canada, en Australie et en Nouvelle-Zélande relevaient d’au moins une des sept stratégies d’investissement durable (Figure 1).
Dans ces sept stratégies, celles qui concernent l’investissement d’impact ont atteint à l’échelle mondiale 500 milliards $US2 à l’heure actuelle contre 228 milliards $ en 2018, les principaux intervenants étant des investisseurs, des entrepreneurs, des sociétés, des fondations et des organismes sans but lucratif. Plus de la moitié de ces actifs sont confiés à 800 gestionnaires qui recherchent à la fois des rendements financiers et un impact social positif.
Le nombre de gestionnaires d’actifs privilégiant les investissements socialement responsables (ISR) et qui tiennent compte des critères environnementaux, sociaux et liés à la gouvernance (ESG) augmente également. Les Nations Unies ont défini en 2007 les Principes pour l’investissement responsable (PIR); signalons à ce sujet que BMO Gestion mondiale d’actifs faisait partie des 16 signataires originaux. À l’heure actuelle, plus de 2 300 gestionnaires, détenteurs d’actifs et fournisseurs de services sont devenus signataires tandis que 85 % des sociétés faisant partie de l’indice S&P 500 publient des rapports de durabilité, mettant en évidence les critères ESG respectés par les signataires.
"À l’heure actuelle, il n’existe aucune gamme d’investissements durables diverse et solide largement acceptée."
On a également observé le lancement de nouveaux produits de placement inspirés par certains des 17 ODD de l’ONU, notamment l’énergie propre, l’autonomisation des femmes et un FNB à but non lucratif ayant des liens avec l’Association nationale pour l’avancement des personnes de couleur (NAACP).
Quiconque s’intéresse à ces pages ne s’étonnera pas de l’intérêt qu’elles suscitent. En effet, l’importance accrue accordée à la perte de la biodiversité, au renforcement de la résistance au choc climatique, à la diminution de l’insécurité alimentaire et aux autres problèmes mondiaux sensibilise de plus en plus les personnes aux répercussions sur la planète et ses occupants de leurs actes et de ceux des sociétés dans lesquelles elles investissent. Elles souhaitent que les portefeuilles de leurs régimes de retraite détiennent davantage de fonds durables; en outre, un nombre accru de femmes et de membres de la génération Y, futurs détenteurs d’une part croissante de la richesse mondiale, s’intéressent de plus en plus aux investissements durables et recherchent des produits socialement responsables.
Élargir l’éventail de produits
Il faut se rappeler que l’investissement durable est une branche de la finance durable et qu’il n’est pas le seul moyen de permettre aux institutions financières d’avoir un impact à l’échelle mondiale. Idéalement, les sociétés, les gestionnaires d’actifs, les fondations, les fonds souverains et autres devraient adopter de nombreuses facettes de la finance durable et faire en sorte que chaque investissement ou financement ait un impact positif. L’investissement durable est un concept plus facile à comprendre que d’autres bien qu’il reste un produit non conventionnel. Pourquoi? Parce qu’il n’existe pas suffisamment d’offres acceptées à grande échelle par le marché pour catalyser la demande et provoquer un réel changement. On commence à en parler, mais il reste encore beaucoup à faire.
Aux États-Unis, l’univers de l’investissement durable qui comprend des fonds communs à capital variable et des portefeuilles négociés en bourse a progressé de 50 % à la fin de 2018 et compte 351 fonds dont l’actif total s’élève à 160 milliards $3 . On peut se réjouir de l’augmentation de ces chiffres, mais pour que l’investissement durable se généralise, il faut que l’éventail de produits et que le nombre de lancement de nouveaux fonds augmentent considérablement.
Examinons la manière dont les actifs sont répartis entre les sept stratégies d’investissement durable. Environ 65 % des actifs mondiaux étaient placés dans des stratégies négatives ou de filtrage fondées sur des critères d’exclusion en 2018. Les actifs faisant partie de la stratégie d’intégration ESG ont augmenté de 69 % d’une année à l’autre en 2018 et ont atteint 17 billions $(Figure 1).
L’une des raisons pour lesquelles les investissements dans les catégories dites « durables à thème » ou « d’impact » notamment, sont moins nombreux est qu’il n’existe pas suffisamment de produits pour répondre à l’augmentation de la demande. Les produits d’investissement durable, notamment les obligations sociales, les prêts écologiques et les fonds communs de placement et les FNB à thème ESG sont mis au point la plupart du temps en reconfigurant la structure de produits financiers qui existent depuis des décennies. Veja a figura 1 em inglês abaixo.
Figure 1: Actifs d’investissement durable par stratégie 2018 (source GSIA)
En outre, les concepteurs de produits mettent souvent au point des stratégies d’investissement durable en choisissant un ensemble de titres visant à exercer un impact positif, profitant par exemple à l’environnement etc. Les sociétés jouent un rôle important pour piloter un changement positif mais on ne peut s’attendre à ce que des investissements dans de telles entités soient la seule source d’impact positif sur la planète puisque les ODD interconnectés que nous essayons d’atteindre sont extrêmement complexes.
Pour élargir les occasions de placement, il faut consentir un effort collectif dans le cadre duquel les intéressés sont encouragés à penser différemment et récompensés pour cette démarche. Évidemment, il n’est pas facile de créer des produits qui génèreront un rendement financier et qui auront une incidence positive, mesurable, sociale ou environnementale offrant un avantage à long terme. Tel que nous l’avons mentionné dans la Partie 1 de la série portant sur la finance durable [insert link to article 1], la mise au point de produits efficaces nécessite l’adoption d’une théorie des systèmes et le recours à des spécialistes en la matière, notamment des scientifiques, des décideurs, des économistes et des experts financiers (Figure 2). On ne peut construire un pont en ne faisant appel qu’à un seul type de compétences; pourquoi alors créer un produit d’investissement socialement responsable compliqué en faisant appel à un seul type de savoir-faire? Les experts en matière de pauvreté ou de changement climatique devront désormais mettre au point de nouveaux produits ciblés en travaillant main dans la main avec des développeurs de produits financiers.
Malheureusement, la mise au point et l’adoption de produits financiers efficaces et évolutifs peuvent prendre des décennies. Par exemple, les obligations vertes qui sont émises pour mobiliser des capitaux destinés à des projets ayant un impact environnemental (à l’heure actuelle, plus de 600 milliards $US ont été émis à l’échelle mondiale) sont un secteur auto-réglementé. L’absence de normes uniformes, de taxonomie solidaire ainsi que les démarches à forte intensité de main-d’œuvre exigées par la création de programmes d’obligations vertes sont des obstacles interdisant à ce marché de croître à un rythme facilitant son adoption, particulièrement par les sociétés émettrices d’obligations. Compte tenu des réponses urgentes qu’il faut donner à diverses questions liées notamment au changement climatique, aux inégalités sociales et autres, nous devons structurer et lancer sur le marché des produits ISR en respectant une certaine cadence.
Créer un marché plus mature
Des institutions chefs de file implantent de nouveaux concepts. En 2018, l’Office d’investissement du Régime de pensions du Canada dont l’actif sous gestion atteint 280 milliards $ et qui a été la première caisse de retraite du monde à émettre sa propre obligation verte, a créé un groupe Électricité et énergies renouvelables (20 membres) qui participe au premier stade des projets incluant ceux qui sont reliés à l’éolien et au solaire, et qui a investi plus de 2,6 milliards $ au cours de sa première année d’existence.
En octobre 2018, la Caisse de dépôt et placement du Québec a conclu une entente de partenariat avec Generation Investment Management, une société de gestion des placements privilégiant la durabilité afin d’investir 3 milliards $ pour une durée de huit à 15 ans dans des entreprises durables.
Voir une image plus grande du graphique en anglais ici
Figure 2: Système écologique de financement des objectifs de développement durable (Source: Pacte mondial des Nations Unies)
En outre, le travail lié aux 17 ODD a progressé. Par exemple, au cours des quatre dernières années, les fonds ciblant l’égalité des sexes – véhicules de placement tant privés que publics – sont passés de 100 millions $ à plus de 5 milliards $4 . Il s’agit sans conteste d’une bonne démarche, mais la plupart de cet argent a été consacré à des fonds faisant la promotion de l’égalité des sexes (ODD no 5) dans des entreprises alors que des produits ciblant d’autres questions de genre destinés aux investisseurs institutionnels, par exemple les moyens permettant d’éliminer la violence, d’éviter les mariages précoces ou d’ouvrir l’accès à l’inclusion financière à plus d’un milliard de femmes sont en nombre insuffisant. Selon diverses études, au rythme actuel, il faudra 108 ans pour combler l’écart hommes-femmes5. Est-il raisonnable de penser que la réalisation plus rapide de l’ODD no 5 permettra de créer un grand nombre de titres liquides négociables liés à la question de l’écart hommes-femmes et qui profiteront aux femmes?
Malgré les progrès réalisés pour créer de nouvelles offres, qu’elles concernent les questions de l’écart hommes-femmes ou de la lutte contre le réchauffement climatique et autres, les intervenants, incluant les banques, doivent promouvoir l’adoption des 17 ODD en offrant des produits plus novateurs cotés en bourse ou en mobilisant des capitaux ou en finançant des entreprises. À l’heure actuelle, il n’existe aucune gamme d’investissements durables diverse et solide largement acceptée, conçue pour atteindre les 17 ODD ou pour bénéficier aux personnes qui se trouvent au bas de la pyramide et qui sont habituellement les plus pauvres.
Influences de l’avenir
Il faudra probablement du temps pour réunir autour de la table divers experts et pour que l’on crée et adopte une grande quantité de produits ciblés. En revanche, il existe des signaux indiquant que certains gestionnaires d’actifs font appel à de nouvelles méthodes d’évaluation. Par exemple, certains gestionnaires d’actifs importants ont déjà entrepris d’analyser les données sur le climat pour connaître les retombées des changements climatiques sur leurs investissements et définir les rajustements du degré de risque nécessaires pour rendre leurs portefeuilles mieux préparés à réagir à ces changements.
Les mégadonnées et l’apprentissage machine orienteront également le développement des produits dans la bonne direction. L’intelligence artificielle s’avère un outil efficace permettant aux industries à forte intensité de ressources de surveiller l’utilisation de l’énergie, de réduire le gaspillage ou d’anticiper la demande des consommateurs, ce qui, éventuellement, amènera la mise au point de nouveaux produits « décarbonisants » ISR. De nouveaux gestionnaires d’actifs ont commencé à utiliser l’apprentissage machine pour identifier les vecteurs de stratégies alpha intelligentes et de rendement pour leurs fonds intégrés ESG multi-actifs. Dans le même temps, la société TruValue Labs fait appel à l’intelligence artificielle pour examiner la dynamique des statistiques des compagnies et découvrir en temps réel des comportements ESG qui pourraient avoir des retombées importantes sur la valeur d’une entreprise.
Au cours des cinq prochaines années, les mégadonnées, l’apprentissage machine et les techniques liées à l’intelligence artificielle contribueront à donner davantage d’importance aux investissements durables. Ces outils aideront les gestionnaires d’actifs à atténuer le risque, à repérer les occasions de placement et à leur permettre d’isoler les signaux ESG. En outre, en respectant les étapes de la réflexion conceptuelle, de la conceptualisation au prototypage, les sociétés financières bénéficieront d’une aide qui leur permettra de structurer des produits d’investissement novateurs et transformateurs pour leurs ODD et pour le bas de la pyramide.
En définitive, les intéressés et le secteur des ISR souhaitent provoquer le changement en consacrant leurs ressources à des produits qui les intéressent. Plus nous nous entendrons rapidement sur ces questions, plus nous économiserons les années nécessaires au développement de nouveaux produits afin d’offrir de nouvelles options d’investissement et plus nous aurons l’occasion de faire croître efficacement des actifs ESG et de résoudre bon nombre de problèmes mondiaux des plus urgents.
Cliquez ici pour télécharger le PDF en anglais.
Manju Seal est Chef - Services-conseils, Solutions financières durables, BMO Marchés des capitaux, Marchés des capitaux. Elle est chargée de la stratégie et de la réflexion globales sur les questions liées à la finance et à l’investissement durables ainsi que des conseils ESG à l’échelle de BMO Marchés des capitaux. Manju dirige les efforts de BMO pour trouver des solutions efficaces en matière de souscription d’obligations vertes et sociales, de développement de produits et d’autres activités de financement durable tout en mettant en œuvre des stratégies axées sur le client. Elle a plus de 20 ans d’expérience professionnelle diverse, notamment dans les secteurs de la banque d’investissement et de la gestion d’actifs institutionnels, ainsi qu’à la direction d’organismes sans but lucratif et de conseils d’administration.
1 GSIA 2 GIIN 3 Sustainable Funds U.S. Landscape Report 4 Sage & Veris reports 5 World Econ Forum
Manju Seal
Chef - Services-conseils, Solutions financières durables, BMO Marchés des capitaux
Chaque année, l’intérêt pour les investissements durables continue d’augmenter. Les actifs des produits liés aux investissements durables ont atteint 30,7 billions $US au début de 2018, en hausse de 34 % par rapport au début de 20161 . Près de 50 % des actifs en Europe et plus de la moitié de tous les actifs gérés par des professionnels au Canada, en Australie et en Nouvelle-Zélande relevaient d’au moins une des sept stratégies d’investissement durable (Figure 1).
Dans ces sept stratégies, celles qui concernent l’investissement d’impact ont atteint à l’échelle mondiale 500 milliards $US2 à l’heure actuelle contre 228 milliards $ en 2018, les principaux intervenants étant des investisseurs, des entrepreneurs, des sociétés, des fondations et des organismes sans but lucratif. Plus de la moitié de ces actifs sont confiés à 800 gestionnaires qui recherchent à la fois des rendements financiers et un impact social positif.
Le nombre de gestionnaires d’actifs privilégiant les investissements socialement responsables (ISR) et qui tiennent compte des critères environnementaux, sociaux et liés à la gouvernance (ESG) augmente également. Les Nations Unies ont défini en 2007 les Principes pour l’investissement responsable (PIR); signalons à ce sujet que BMO Gestion mondiale d’actifs faisait partie des 16 signataires originaux. À l’heure actuelle, plus de 2 300 gestionnaires, détenteurs d’actifs et fournisseurs de services sont devenus signataires tandis que 85 % des sociétés faisant partie de l’indice S&P 500 publient des rapports de durabilité, mettant en évidence les critères ESG respectés par les signataires.
"À l’heure actuelle, il n’existe aucune gamme d’investissements durables diverse et solide largement acceptée."
On a également observé le lancement de nouveaux produits de placement inspirés par certains des 17 ODD de l’ONU, notamment l’énergie propre, l’autonomisation des femmes et un FNB à but non lucratif ayant des liens avec l’Association nationale pour l’avancement des personnes de couleur (NAACP).
Quiconque s’intéresse à ces pages ne s’étonnera pas de l’intérêt qu’elles suscitent. En effet, l’importance accrue accordée à la perte de la biodiversité, au renforcement de la résistance au choc climatique, à la diminution de l’insécurité alimentaire et aux autres problèmes mondiaux sensibilise de plus en plus les personnes aux répercussions sur la planète et ses occupants de leurs actes et de ceux des sociétés dans lesquelles elles investissent. Elles souhaitent que les portefeuilles de leurs régimes de retraite détiennent davantage de fonds durables; en outre, un nombre accru de femmes et de membres de la génération Y, futurs détenteurs d’une part croissante de la richesse mondiale, s’intéressent de plus en plus aux investissements durables et recherchent des produits socialement responsables.
Élargir l’éventail de produits
Il faut se rappeler que l’investissement durable est une branche de la finance durable et qu’il n’est pas le seul moyen de permettre aux institutions financières d’avoir un impact à l’échelle mondiale. Idéalement, les sociétés, les gestionnaires d’actifs, les fondations, les fonds souverains et autres devraient adopter de nombreuses facettes de la finance durable et faire en sorte que chaque investissement ou financement ait un impact positif. L’investissement durable est un concept plus facile à comprendre que d’autres bien qu’il reste un produit non conventionnel. Pourquoi? Parce qu’il n’existe pas suffisamment d’offres acceptées à grande échelle par le marché pour catalyser la demande et provoquer un réel changement. On commence à en parler, mais il reste encore beaucoup à faire.
Aux États-Unis, l’univers de l’investissement durable qui comprend des fonds communs à capital variable et des portefeuilles négociés en bourse a progressé de 50 % à la fin de 2018 et compte 351 fonds dont l’actif total s’élève à 160 milliards $3 . On peut se réjouir de l’augmentation de ces chiffres, mais pour que l’investissement durable se généralise, il faut que l’éventail de produits et que le nombre de lancement de nouveaux fonds augmentent considérablement.
Examinons la manière dont les actifs sont répartis entre les sept stratégies d’investissement durable. Environ 65 % des actifs mondiaux étaient placés dans des stratégies négatives ou de filtrage fondées sur des critères d’exclusion en 2018. Les actifs faisant partie de la stratégie d’intégration ESG ont augmenté de 69 % d’une année à l’autre en 2018 et ont atteint 17 billions $(Figure 1).
L’une des raisons pour lesquelles les investissements dans les catégories dites « durables à thème » ou « d’impact » notamment, sont moins nombreux est qu’il n’existe pas suffisamment de produits pour répondre à l’augmentation de la demande. Les produits d’investissement durable, notamment les obligations sociales, les prêts écologiques et les fonds communs de placement et les FNB à thème ESG sont mis au point la plupart du temps en reconfigurant la structure de produits financiers qui existent depuis des décennies. Veja a figura 1 em inglês abaixo.
Figure 1: Actifs d’investissement durable par stratégie 2018 (source GSIA)
En outre, les concepteurs de produits mettent souvent au point des stratégies d’investissement durable en choisissant un ensemble de titres visant à exercer un impact positif, profitant par exemple à l’environnement etc. Les sociétés jouent un rôle important pour piloter un changement positif mais on ne peut s’attendre à ce que des investissements dans de telles entités soient la seule source d’impact positif sur la planète puisque les ODD interconnectés que nous essayons d’atteindre sont extrêmement complexes.
Pour élargir les occasions de placement, il faut consentir un effort collectif dans le cadre duquel les intéressés sont encouragés à penser différemment et récompensés pour cette démarche. Évidemment, il n’est pas facile de créer des produits qui génèreront un rendement financier et qui auront une incidence positive, mesurable, sociale ou environnementale offrant un avantage à long terme. Tel que nous l’avons mentionné dans la Partie 1 de la série portant sur la finance durable [insert link to article 1], la mise au point de produits efficaces nécessite l’adoption d’une théorie des systèmes et le recours à des spécialistes en la matière, notamment des scientifiques, des décideurs, des économistes et des experts financiers (Figure 2). On ne peut construire un pont en ne faisant appel qu’à un seul type de compétences; pourquoi alors créer un produit d’investissement socialement responsable compliqué en faisant appel à un seul type de savoir-faire? Les experts en matière de pauvreté ou de changement climatique devront désormais mettre au point de nouveaux produits ciblés en travaillant main dans la main avec des développeurs de produits financiers.
Malheureusement, la mise au point et l’adoption de produits financiers efficaces et évolutifs peuvent prendre des décennies. Par exemple, les obligations vertes qui sont émises pour mobiliser des capitaux destinés à des projets ayant un impact environnemental (à l’heure actuelle, plus de 600 milliards $US ont été émis à l’échelle mondiale) sont un secteur auto-réglementé. L’absence de normes uniformes, de taxonomie solidaire ainsi que les démarches à forte intensité de main-d’œuvre exigées par la création de programmes d’obligations vertes sont des obstacles interdisant à ce marché de croître à un rythme facilitant son adoption, particulièrement par les sociétés émettrices d’obligations. Compte tenu des réponses urgentes qu’il faut donner à diverses questions liées notamment au changement climatique, aux inégalités sociales et autres, nous devons structurer et lancer sur le marché des produits ISR en respectant une certaine cadence.
Créer un marché plus mature
Des institutions chefs de file implantent de nouveaux concepts. En 2018, l’Office d’investissement du Régime de pensions du Canada dont l’actif sous gestion atteint 280 milliards $ et qui a été la première caisse de retraite du monde à émettre sa propre obligation verte, a créé un groupe Électricité et énergies renouvelables (20 membres) qui participe au premier stade des projets incluant ceux qui sont reliés à l’éolien et au solaire, et qui a investi plus de 2,6 milliards $ au cours de sa première année d’existence.
En octobre 2018, la Caisse de dépôt et placement du Québec a conclu une entente de partenariat avec Generation Investment Management, une société de gestion des placements privilégiant la durabilité afin d’investir 3 milliards $ pour une durée de huit à 15 ans dans des entreprises durables.
Voir une image plus grande du graphique en anglais ici
Figure 2: Système écologique de financement des objectifs de développement durable (Source: Pacte mondial des Nations Unies)
En outre, le travail lié aux 17 ODD a progressé. Par exemple, au cours des quatre dernières années, les fonds ciblant l’égalité des sexes – véhicules de placement tant privés que publics – sont passés de 100 millions $ à plus de 5 milliards $4 . Il s’agit sans conteste d’une bonne démarche, mais la plupart de cet argent a été consacré à des fonds faisant la promotion de l’égalité des sexes (ODD no 5) dans des entreprises alors que des produits ciblant d’autres questions de genre destinés aux investisseurs institutionnels, par exemple les moyens permettant d’éliminer la violence, d’éviter les mariages précoces ou d’ouvrir l’accès à l’inclusion financière à plus d’un milliard de femmes sont en nombre insuffisant. Selon diverses études, au rythme actuel, il faudra 108 ans pour combler l’écart hommes-femmes5. Est-il raisonnable de penser que la réalisation plus rapide de l’ODD no 5 permettra de créer un grand nombre de titres liquides négociables liés à la question de l’écart hommes-femmes et qui profiteront aux femmes?
Malgré les progrès réalisés pour créer de nouvelles offres, qu’elles concernent les questions de l’écart hommes-femmes ou de la lutte contre le réchauffement climatique et autres, les intervenants, incluant les banques, doivent promouvoir l’adoption des 17 ODD en offrant des produits plus novateurs cotés en bourse ou en mobilisant des capitaux ou en finançant des entreprises. À l’heure actuelle, il n’existe aucune gamme d’investissements durables diverse et solide largement acceptée, conçue pour atteindre les 17 ODD ou pour bénéficier aux personnes qui se trouvent au bas de la pyramide et qui sont habituellement les plus pauvres.
Influences de l’avenir
Il faudra probablement du temps pour réunir autour de la table divers experts et pour que l’on crée et adopte une grande quantité de produits ciblés. En revanche, il existe des signaux indiquant que certains gestionnaires d’actifs font appel à de nouvelles méthodes d’évaluation. Par exemple, certains gestionnaires d’actifs importants ont déjà entrepris d’analyser les données sur le climat pour connaître les retombées des changements climatiques sur leurs investissements et définir les rajustements du degré de risque nécessaires pour rendre leurs portefeuilles mieux préparés à réagir à ces changements.
Les mégadonnées et l’apprentissage machine orienteront également le développement des produits dans la bonne direction. L’intelligence artificielle s’avère un outil efficace permettant aux industries à forte intensité de ressources de surveiller l’utilisation de l’énergie, de réduire le gaspillage ou d’anticiper la demande des consommateurs, ce qui, éventuellement, amènera la mise au point de nouveaux produits « décarbonisants » ISR. De nouveaux gestionnaires d’actifs ont commencé à utiliser l’apprentissage machine pour identifier les vecteurs de stratégies alpha intelligentes et de rendement pour leurs fonds intégrés ESG multi-actifs. Dans le même temps, la société TruValue Labs fait appel à l’intelligence artificielle pour examiner la dynamique des statistiques des compagnies et découvrir en temps réel des comportements ESG qui pourraient avoir des retombées importantes sur la valeur d’une entreprise.
Au cours des cinq prochaines années, les mégadonnées, l’apprentissage machine et les techniques liées à l’intelligence artificielle contribueront à donner davantage d’importance aux investissements durables. Ces outils aideront les gestionnaires d’actifs à atténuer le risque, à repérer les occasions de placement et à leur permettre d’isoler les signaux ESG. En outre, en respectant les étapes de la réflexion conceptuelle, de la conceptualisation au prototypage, les sociétés financières bénéficieront d’une aide qui leur permettra de structurer des produits d’investissement novateurs et transformateurs pour leurs ODD et pour le bas de la pyramide.
En définitive, les intéressés et le secteur des ISR souhaitent provoquer le changement en consacrant leurs ressources à des produits qui les intéressent. Plus nous nous entendrons rapidement sur ces questions, plus nous économiserons les années nécessaires au développement de nouveaux produits afin d’offrir de nouvelles options d’investissement et plus nous aurons l’occasion de faire croître efficacement des actifs ESG et de résoudre bon nombre de problèmes mondiaux des plus urgents.
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Manju Seal est Chef - Services-conseils, Solutions financières durables, BMO Marchés des capitaux, Marchés des capitaux. Elle est chargée de la stratégie et de la réflexion globales sur les questions liées à la finance et à l’investissement durables ainsi que des conseils ESG à l’échelle de BMO Marchés des capitaux. Manju dirige les efforts de BMO pour trouver des solutions efficaces en matière de souscription d’obligations vertes et sociales, de développement de produits et d’autres activités de financement durable tout en mettant en œuvre des stratégies axées sur le client. Elle a plus de 20 ans d’expérience professionnelle diverse, notamment dans les secteurs de la banque d’investissement et de la gestion d’actifs institutionnels, ainsi qu’à la direction d’organismes sans but lucratif et de conseils d’administration.
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