Perspectives économiques du Canada pour 2025 : La situation s’améliore

La situation économique au Canada demeure aussi complexe qu’elle l’a été au cours des dernières années. Cependant, nous sommes aujourd’hui confrontés à un contexte différent en matière d’inflation et de taux d’intérêt.
Compte tenu du recul marqué de l’inflation au cours de la dernière année et de la baisse des taux d’intérêt, la situation économique globale laisse entrevoir un rebond de l’économie canadienne après deux années de rendements décevants.
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Les économies mondiales progressent
À l’aube de 2025, il est agréable de constater à quel point l’économie mondiale a été résiliente au cours des dernières années. Presque toutes les plus grandes économies du monde ont réussi à croître. Si l’on additionne toutes ces grandes économies mondiales, on voit que la croissance réelle globale – c’est-à-dire rajustée en fonction de l’inflation – dépasse légèrement 3 %, soit tout juste sous la moyenne à long terme de l’économie mondiale. Nous nous attendons à des résultats similaires en 2025.
Si l’économie mondiale a si bien résisté, c’est parce que la plus grande économie du monde, les États-Unis, s’est comportée beaucoup mieux que prévu. Les États-Unis ont progressé de près de 3 % au cours des deux dernières années, ce qui est supérieur à leur moyenne à long terme. La majeure partie de Wall Street ainsi que de nombreux prévisionnistes économiques ont été pris au dépourvu par la résilience de l’économie américaine tout au long de la période de taux d’intérêt et d’inflation élevés avec laquelle nous avons dû composer. Le principal moteur a été la vigueur du consommateur américain, dont la demande refoulée et l’épargne excédentaire élevée ont favorisé une croissance supérieure à la moyenne.
Pour 2025, nous nous attendons à ce que certains facteurs qui ont stimulé l’économie américaine ralentissent quelque peu. Nous ne prévoyons pas que la consommation des ménages soit aussi élevée qu’elle l’a été au cours des dernières années. De son côté, le président élu Donald Trump a proposé des politiques relativement favorables à la croissance, y compris de possibles réductions d’impôts. Dans cette optique, nous avons légèrement relevé à 2,2 % nos prévisions économiques pour les États-Unis en 2025, ce qui est légèrement inférieur au rendement des dernières années, mais conforme à la moyenne à long terme.
La question qui se pose est de savoir dans quelle mesure et selon quel échéancier le président élu Donald Trump peut mettre en œuvre ses propositions en matière de commerce et de tarifs douaniers. Par rapport à son premier mandat, le président élu Trump semble plus déterminé à adopter une position plus protectionniste, en particulier à l’égard de la Chine. Le Canada, quant à lui, est passé sous le radar en ce qui concerne les changements de politique commerciale ou de tarifs douaniers. Pour le moment, nous attendons de voir ce que l’administration Trump pourra mettre en œuvre et comment les marchés réagiront.
Le retour des consommateurs canadiens?
Au cours des deux dernières années, l’économie canadienne a eu du mal à croître de 1 % par an, ce qui est nettement inférieur à la moyenne, même si l’on ne peut pas parler de récession. La grande différence entre le Canada et les États-Unis se résume au consommateur. Le Canada est l’une des économies les plus sensibles aux taux d’intérêt dans le monde en raison du niveau relativement élevé de la dette des ménages et de la rapidité avec laquelle cette dette se renouvelle.
La bonne nouvelle, c’est qu’avec la baisse radicale des taux d’intérêt, le fardeau des consommateurs canadiens sera considérablement allégé, ce qui devrait permettre à l’économie canadienne de se rapprocher de sa moyenne à long terme, légèrement inférieure à 2 %, en 2025.
Les changements apportés à la politique d’immigration du Canada auront également des répercussions. Le revenu réel par personne a été nettement inférieur à celui des États-Unis au cours des dix dernières années, en partie à cause de la forte croissance démographique que nous avons connue – environ 3 % au cours de chacune des deux dernières années, soit l’un des taux de croissance les plus rapides que nous ayons connus depuis plusieurs décennies. Mais nous allons assister à une période de croissance démographique quasi nulle si le gouvernement canadien s’en tient à ses nouveaux objectifs en matière d’immigration.
L’une des raisons pour lesquelles le gouvernement fédéral a changé si brusquement de politique est que la forte croissance démographique a exercé une pression à la hausse sur le taux de chômage. La croissance de l’emploi au Canada a été comparable à celle des États-Unis en 2024, mais l’augmentation plus forte de la population et de la population active a contribué à faire grimper le taux de chômage à environ 6,5 %, comparativement à un peu plus de 4 % aux États-Unis.
Compte tenu du ralentissement de la croissance démographique et de la reprise du taux de croissance économique au cours de l’année prochaine, nous prévoyons que cette forte détérioration du marché de l’emploi fera place à de meilleures conditions d’ici à la fin de l’année 2025.
Évolution des taux d’intérêt et de l’inflation
Le Canada a enregistré de meilleurs résultats en matière d’inflation que la plupart des autres pays du monde. Historiquement, le Canada a tendance à suivre les États-Unis au chapitre de la croissance et de l’inflation. Mais, au cours des dernières années, le taux d’inflation au Canada a toujours été inférieur à celui des États-Unis.
Parmi les principales économies industrialisées, le Canada se situe au bas de l’échelle en ce qui concerne l’inflation. Cela s’explique en partie par le fait que le Canada a bénéficié d’une conjoncture économique moins favorable que d’autres pays, ce qui a permis de limiter les pressions à la hausse sur les prix. BMO prévoit une inflation moyenne de moins de 2 % en 2025. Si les prix du pétrole chutent, le taux d’inflation pourrait descendre encore plus bas.
Qu’est-ce que cela signifie pour les taux d’intérêt? La Banque du Canada a été l’une des plus vigoureuses au monde en matière de réduction des taux d’intérêt. L’une de ces raisons est que l’inflation est actuellement alimentée par les coûts d’habitation. Les prix liés aux logements, à l’exclusion du prix de l’habitation elle-même, ont augmenté de manière significative, y compris les impôts fonciers, les versements hypothécaires, les tarifs d’assurance et les loyers.
En revanche, les prix des automobiles, des appareils électroménagers et des meubles, qui ont tous augmenté pendant les perturbations de la chaîne d’approvisionnement liées à la pandémie, sont en baisse. Si l’on exclut les frais d’habitation, l’inflation globale se rapproche de zéro, et la Banque du Canada en est bien consciente.
C’est pourquoi la banque centrale a été la plus vigoureuse au monde en matière de réduction des taux d’intérêt. Depuis juin, elle a réduit son taux de 1,25 %, et nous nous attendons à une autre réduction lors de sa dernière réunion sur les taux d’intérêt en décembre, ainsi qu’à une série de réductions jusqu’au milieu de 2025. Dans l’ensemble, nous prévoyons que le taux du financement à un jour passera de 3,75 % actuellement à 2,5 % d’ici le milieu de l’année 2025. La Banque du Canada pourrait même se montrer encore plus énergique.

Douglas Porter, CFA
Économiste en chef