L’équipe Financement aux concessionnaires de BMO est heureuse de vous faire part des résultats de son deuxième sondage annuel auprès des concessionnaires nord-américains. Vous vous souvenez peut-être que les conclusions de l’an dernier, fondées sur les réponses de plus de 130 propriétaires et hauts dirigeants de concessions, étaient axées sur la transition vers la carboneutralité dans le secteur de l’automobile. Cette année, la réponse des clients a été tout aussi impressionnante, avec une représentation des concessionnaires qui possèdent et gèrent plus de 800 concessions au Canada et aux États-Unis, une couverture de toutes les marques, et des concessionnaires qui vont de la concession unique aux organisations comptant plus de 50 emplacements. Nous avons des points de vue intéressants à vous faire connaître.

Nous avons mis l’accent sur deux choses : examiner plus en profondeur l’incidence des efforts de réduction des émissions de carbone à l’échelle des concessions et comprendre ce qui a fonctionné et ce qui n’a pas fonctionné pour les concessionnaires en ce qui a trait aux véhicules électriques (VE). À la même époque l’an dernier, la transition vers la carboneutralité n’était qu’une simple transition. Les équipementiers s’étaient pleinement engagés dans l’aventure des VE et parlaient moins des véhicules hybrides. Aujourd’hui, le discours a légèrement évolué en raison d’une réorientation dans la production et les investissements, mais les progrès vers des options plus respectueuses de l’environnement n’ont pas perdu de leur élan.
Aujourd’hui, plus d’un an plus tard, avec des taux d’intérêt qui restent plus élevés et des stocks revenus aux niveaux d’avant la pandémie de COVID-19, certains irritants, que beaucoup avaient anticipés lorsque la production s’est accélérée et que la dynamique de la demande a commencé à changer, sont apparus. Bien que certains problèmes soient propres à une marque, nous remarquons que la quantité de VE en stock est plus élevée que ne le souhaiteraient les concessionnaires dans le contexte actuel.
Examinons les résultats un peu plus en détail.
Les avantages : les incitatifs et la formation
Il est clair que les incitatifs gouvernementaux (fédéraux, étatiques et provinciaux) constituent une force majeure pour la vente de VE au moyen de remises. Plus de 63 % des réponses des concessionnaires canadiens montrent qu’il s’agit du facteur qui a le plus contribué à la réussite des ventes de VE, tandis que 44 % des répondants aux États-Unis sont de cet avis. Ce qui nous a surpris, c’est le prochain avantage à soutenir la vente de VE : la formation et la connaissance des produits. Les concessionnaires canadiens ont indiqué qu’il s’agissait d’un point positif (47 % des répondants), tandis que 56 % des concessionnaires américains ont indiqué que c’était leur principale raison. Compte tenu de la quantité de nouvelles offres qui arrivent sur le marché, il est logique que ces produits soient soutenus par une meilleure connaissance des produits pour outiller les employés de première ligne.

Pendant la pandémie, il y a eu moins de pression pour former le personnel des ventes, car les véhicules partaient plus vite que les concessionnaires ne pouvaient garantir les stocks. Toutefois, avec des stocks plus importants, des coûts de propriété plus élevés et des consommateurs qui conservent leur véhicule plus longtemps, le volet formation est extrêmement important pour s’assurer que la valeur soit exprimée d’une manière qui trouve écho auprès des acheteurs potentiels.
Les obstacles : les prix, la demande à la traîne
Passons maintenant aux aspects qui représentent des obstacles au succès des VE pour les concessionnaires. Les prix de détail suggérés (PDSF) élevés sont en tête de liste, ce qui est d’autant plus vrai lorsque les coûts de financement à la consommation sont également plus élevés. Toutefois, les marques ne font pas toutes face aux mêmes défis. Des concessionnaires ont également laissé entendre que de meilleures options de crédit-bail étaient nécessaires pour les VE afin de soutenir la plus grande vitesse de circulation des unités. Nous continuons d’entendre dire que le prix des véhicules neufs et d’occasion demeure également un problème, compte tenu de certaines pressions à la baisse sur certains des nouveaux prix des véhicules électriques et de l’incidence qui en résulte sur les prix des véhicules d’occasion. Pour certains concessionnaires, le fait de ne pas savoir s’ils seront en situation de capitaux propres négatifs est un compromis qu’ils ne sont pas prêts à accepter.

Un autre point d’achoppement est l’offre de VE supérieure à la demande. Certains répondants ont indiqué que les premiers utilisateurs de VE échangeaient souvent leurs véhicules, mais que les valeurs commerciales n’étaient pas particulièrement élevées. Combinés à des objectifs de vente dynamiques, les stocks de VE sont nettement supérieurs à la moyenne du secteur. Certains concessionnaires retarderont leur repositionnement ou trouveront des façons d’éviter d’absorber plus de stocks de VE que le marché ne peut supporter.
À en juger par leurs commentaires, les concessionnaires ont le sentiment que la production et la demande de VE doivent être déterminées par le marché. Ils pensent également que les options hybrides gagnent en popularité auprès des consommateurs en raison de la demande. Au cours du mois de mai, les États-Unis ont connu le meilleur mois pour les ventes de véhicules hybrides électriques (VHE), ayant dépassé celles des véhicules électriques à batterie (VEB) et des véhicules électriques hybrides rechargeables (VEHR). Par ailleurs, au Canada, la demande d’essence automobile n’a pas encore éclipsé son total de décembre 2019 en mars 2024 (total sur 12 mois). Cela démontre que la part croissante des véhicules à carburant de remplacement commence à exercer une pression à la baisse sur la demande d’automobiles à essence.
Enfin, le marché où l’électricité est la moins chère (au Québec), nous sommes maintenant le leader canadien en ce qui a trait aux VEB. Le Québec connaît un bon début d’année grâce à de solides ventes de VEB et de VEHR, tandis que les véhicules hybrides traditionnels ne se vendent pas au même rythme, mais s’améliorent tout de même d’une année à l’autre.
La réduction de l’empreinte carbone est toujours d’actualité
L’an dernier, notre sondage a révélé une réponse positive : 40 % des concessionnaires avaient prévu de décarboniser leur empreinte dans l’immobilier au cours des 18 prochains mois. Le taux de réponse était exactement le même cette fois-ci, ce qui demeure prometteur pour diverses raisons. Certains de ces changements ont déjà eu lieu, un fort accent ayant été mis sur l’éclairage à DEL (dans certains cas, équipé de détecteurs de mouvement), la modernisation des salles d’exposition, l’installation de panneaux solaires et certains travaux de rénovation des bâtiments. Toutefois, la réponse la plus fréquente a été l’installation de bornes de recharge, 50 % des répondants au sondage de l’an dernier ayant indiqué que de tels investissements avaient récemment été effectués.
Cette année, toutefois, nous voulions avoir une idée de ce qui pourrait empêcher certains concessionnaires de décarboniser leurs activités, et la réponse a été claire. Les concessionnaires s’inquiètent du coût et du rendement du capital investi. Lorsque les mesures sont sensées, comme installer un éclairage à DEL ou tirer parti des remises offertes par les entreprises de services publics locales, les décisions sont faciles à prendre car les résultats sont connus. Les concessionnaires ont besoin de certitude quant aux avantages de dépenser des centaines de milliers, voire des millions, de dollars. Et même si de nombreux concessionnaires veulent soutenir la gérance environnementale, ils doivent tenir compte des considérations économiques pour le faire. Très peu contestent les avantages de la durabilité et le principe de gérance, mais certains s’inquiètent du fait que certaines marques vont trop loin, trop souvent.
Le deuxième facteur de stress le plus courant est le réseau électrique et l’infrastructure existants, qui sont une préoccupation des deux côtés de la frontière. Trouver des solutions sous forme de remises, de partage des coûts avec d’autres propriétaires immobiliers ou de solutions de recharge innovantes qui optimisent et stockent l’énergie pendant les heures creuses peut aider à clarifier la question du retour sur investissement.
Quelles sont les prochaines étapes? Un équilibre délicat
À la suite de ce sondage, de la rétroaction des concessionnaires et des entretiens ultérieurs avec les clients, il devient de plus en plus évident que, même si les concessionnaires vont de l’avant avec leurs efforts de décarbonisation, ils adoptent une approche équilibrée en ce qui a trait aux VE. Ils prennent l’engagement de réduire leurs coûts opérationnels grâce à des initiatives qui sont bonnes pour l’environnement, habituellement au moyen d’améliorations des infrastructures dans l’ensemble de leur territoire. Cela comprend la rénovation de leurs installations existantes, et il semble y avoir une ouverture à trouver des solutions pour aider à maximiser les économies d’énergie liées à ces projets.
En ce qui concerne les VE dans leurs stocks, les concessionnaires essaient de suivre un rythme approprié.
Les concessionnaires accordent manifestement de l’importance à la décarbonisation. Dans le cas des VE, la tâche consistera à trouver le bon équilibre pour gérer ces priorités d’une manière rentable et axée sur le client.
Bien entendu, les conditions peuvent changer et finir par modifier l’équation. Des modèles de VE moins chers qui plaisent aux consommateurs pourraient voir le jour; les prix de l’essence pourraient demeurer élevés pendant une longue période. Cependant, pour le moment, le défi pour les concessionnaires est de gérer la composition de leurs stocks et de s’assurer que leur service après-vente est optimisé pour continuer à dégager des marges saines et durables dans les années à venir.
Pour continuer à en apprendre davantage sur des sujets connexes, écoutez notre épisode du balado Sustainability Leaders avec notre invité spécial, Colin McKerracher.
Adam Doran, premier directeur général, Financement aux concessionnaires, a contribué à cet article.