Détails :
Dans le secteur de la technologie, l’idée que le monde fonctionne avec des logiciels est devenue un truisme. Mais en vérité, les logiciels ne pourraient pas fonctionner sans semi-conducteurs.
Les micropuces sont partout : dans votre voiture, votre téléviseur, votre réfrigérateur et tout appareil dit intelligent. La plupart des entreprises de fabrication de puces sont concentrées en Asie. Selon certaines estimations, plus de 90 % des puces les plus avancées sont fabriquées à Taïwan, et la majeure partie de ces puces est produite par une seule entreprise : Taïwan Semiconductor Manufacturing Corp. (TSMC). Bien que les États-Unis puissent prétendre être le berceau du semi-conducteur, ils ne représentent actuellement que 12 % de la fabrication mondiale de puces, en baisse par rapport à 37 % en 1990.
C’est dans ce contexte que les États-Unis ont adopté la CHIPS and Science Act en 2022. La Loi autorise un nouveau financement de 280 milliards de dollars au cours des 10 prochaines années pour la recherche et la fabrication de semi-conducteurs aux États-Unis.
Les objectifs de la CHIPS Act sont clairs, comme le coup de pouce qu’elle offre aux fabricants de semi-conducteurs. Quelle incidence cela pourrait-il toutefois avoir sur l’ensemble du secteur de la technologie? Qu’est-ce que cela signifiera pour les stratégies de croissance des entreprises? Comment les entreprises de l’ensemble du secteur peuvent-elles en tirer des avantages potentiels?
Comment en sommes-nous arrivés là?
Les semi-conducteurs jouent un rôle essentiel dans l’économie américaine. La pénurie de puces a réduit de près d’un quart de billions de dollars le PIB des États-Unis en 2021. L’objectif de la CHIPS Act est de stimuler l’innovation, de renforcer la croissance économique régionale et d’accroître le marché intérieur de la main-d’œuvre qualifiée tout en réduisant la dépendance à l’égard de l’étranger et en atténuant les menaces externes à la sécurité.
Plusieurs subventions ont été accordées au cours des 20 mois qui se sont écoulés depuis l’entrée en vigueur de la CHIPS Act, notamment :
Jusqu’à 8,5 milliards de dollars en financement direct à Intel pour la construction de nouvelles installations en Arizona, au Nouveau-Mexique, en Ohio et en Oregon.
Financement direct de 1,5 milliard de dollars à GlobalFoundries pour la construction de nouvelles installations de fabrication de semi-conducteurs à New York et au Vermont.
Jusqu’à 11,6 milliards de dollars en subventions et en prêts à TSMC pour la construction d’une troisième usine de fabrication à Phoenix, en Arizona.
Jusqu’à 6,4 milliards de dollars en financement direct à Samsung Electronics pour accroître ses capacités en matière de fabrication de semi-conducteurs dans le centre du Texas.
Qu’est-ce que cela signifie pour l’industrie?
Bien que la CHIPS Act cible expressément le secteur des semi-conducteurs, les entreprises du secteur des technologies doivent être prêtes à tirer parti des retombées potentielles. La Semiconductor Industry Association s’attend à ce que la CHIPS Act crée environ 42 000 emplois dans le secteur des semi-conducteurs d’ici 2027, mais l’impact total sur les emplois dans le secteur des technologies pourrait être beaucoup plus important. Pour créer ce bassin de travailleurs, il sera essentiel de mettre l’accent sur l’éducation et les activités de perfectionnement de la main-d’œuvre dans le domaine des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM).
À cette fin, la CHIPS Act autorise des investissements nouveaux et élargis dans l’éducation et la formation dans le domaine des STIM, du primaire au secondaire et jusqu’aux études supérieures. La Loi met également l’accent sur le fait d’offrir des occasions aux personnes provenant de communautés marginalisées, mal desservies et sous-financées. Si elles portent leurs fruits, ces initiatives pourraient contribuer à créer un plus grand bassin de travailleurs potentiels dans le secteur des technologies.
Les occasions d’investissement régional devraient également offrir des avantages pour la main-d’œuvre. Plus de 350 millions de dollars d’investissements privés ont été annoncés dans 25 États, et d’autres sont à venir. Birmingham (Alabama), Augusta (Géorgie) et Champaign (Illinois) ne sont que quelques-unes des villes désignées comme des carrefours technologiques fédéraux en vertu de la CHIPS Act. Pour les entreprises dans le domaine de la technologie, cela offre des possibilités d’accéder aux talents et aux infrastructures dans des régions plus diversifiées.
Il y a aussi le vaste éventail d’occasions qui seront alimentées par l’intelligence artificielle (IA). Il est dans l’intérêt des États-Unis de prendre les devants à l’égard de cette technologie, et cela passe par le fait d’avoir le contrôle de la fabrication sur les meilleures puces d’IA sur le marché.
Il s’agit d’un exemple où les préoccupations géopolitiques incitent les États-Unis à vouloir moins dépendre des pays étrangers. Bien que la plupart des activités de fabrication de puces de pointe aient lieu en Asie, une grande partie de la machinerie et des logiciels de haute technologie nécessaires à la fabrication provient des États-Unis et de l’Europe. En 2022, une interdiction aux États-Unis a empêché les fabricants de puces Nvidia et AMD d’exporter des puces d’IA en Chine; le département du Commerce a depuis révisé ces règles. En plus de réduire la dépendance des États-Unis à l’égard des fabricants étrangers, le maintien du contrôle sur les semi-conducteurs avancés, qui sont de plus en plus considérés comme un actif de sécurité stratégique, est une priorité pour le gouvernement américain.
Nous en sommes encore aux premiers stades de ce que la CHIPS Act apportera. Mais l’engagement des États-Unis est clair, et nous devrions bientôt commencer à voir comment les effets d’entraînement se feront sentir dans le secteur des technologies. Pour le moment, les entreprises de ce secteur devraient examiner comment la CHIPS Act pourrait profiter à leurs plans de croissance et, ultimement, à leurs résultats.
Cet article a été publié à l’origine sur le Forbes Technology Council.